Agir pour des rivières vivantes

Reconstruire l’avenir

Comprendre : pourquoi agir ici, et pourquoi maintenant ?

La vie d’une rivière n’est pas linéaire : elle alterne radiers* vifs et mouilles* profondes, méandres calmes et seuils plus toniques. Quand un tronçon devient trop homogène, l’eau s’y comporte comme sur une autoroute : même vitesse, mêmes profondeurs, mêmes habitats, toute l’année. Résultat : peu de caches pour se reposer, peu de contrastes thermiques et peu de micro-zones où les invertébrés prospèrent. Les poissons — truites fario en tête — y trouvent moins de places et de ressources, surtout l’été en étiage*.

C’est précisément le diagnostic posé sur deux secteurs :

La réponse technique est connue et fait ses preuves : amener de la rugosité, c’est-à-dire introduire des blocs calcaires judicieusement répartis, pour sculpter le courant et recréer une mosaïque d’habitats. Des ouvrages simples, discrets, qui travaillent avec la rivière, pas contre elle.

*Définition : Radier

Zone peu profonde et rapide, au fond caillouteux/gravillonneux, qui oxygène l’eau et peut servir de frayère (ponte) pour certaines espèces comme la truite

La Tille à Pluvet

*Définition : Étiage

Période où une rivière est à son plus bas niveau et plus faible débit (souvent en été/fin d’été).

La Tille à Pluvet

*Définition : Mouille

Portion plus profonde et plus lente d’un cours d’eau, qui sert souvent de refuge pour les poissons entre deux zones plus rapides.

La Seine à Vix

Les travaux en pratique : où, quoi, combien, avec qui ?

Seine — Vix / Pothières : 400 mètres remis en mouvement

Sur environ 400 m de la Seine, été 2025, la Fédération, en collaboration avec l’AAPPMA La Truite Châtillonnaise et La Gaule Vixoise, a fait poser environ 160 m³ de blocs calcaires. Disposés par amas et ventilés tout au long du tronçon, ces “rochers-abris” créent des veines d’eau contrastées, brisent l’uniformité des vitesses et offrent des caches à différentes périodes de l’année.

  • Montant de l’opération : ~35 000 €
  • Entreprise : Boureau (Châtillon-sur-Seine)
  • Financements : Agence de l’eau, Département, FNPF, Fédération, AAPPMA La Truite Châtillonnaise et La Gaule Vixoise
  • Gestion halieutique : le tronçon aménagé s’inscrit, sur proposition des AAPPMA, dans un parcours “pêcher-relâcher” tous salmonidés — un choix qui valorise la rivière tout en préservant la ressource.
Seine à Vix : les amas de blocs dessinent des veines d’eau contrastées et offrent des caches à toutes saisons.

Ce que l’on voit déjà sur place
Les blocs accrochent le courant et dessinent des couloirs plus vifs, accolés à des zones de repos où l’eau circule plus lentement. Entre deux amas, de petites mouilles se creusent, propices aux poissons adultes ; autour, de fines plages de galets se rechargent, utiles aux invertébrés et aux juvéniles. C’est varié, lisible, et ça respire à nouveau.

Tille — Pluvet : épis alternés et plus de 85 amas de blocs-abris

À Pluvet, à la même période, en amont du pont RD110, la Fédération a conduit un chantier d’ampleur sur plus de 500 m : environ 350 m³ de blocs calcaires ont été apportés, avec une combinaison d’ouvrages complémentaire :

  • 6 épis alternés en pied de berge pour guider le courant, stabiliser certaines berges et réactiver des zones aujourd’hui trop calmes ;
  • plus de 85 amas de “blocs-abris” répartis sur le linéaire pour multiplier les micro-habitats.
  • Montant de l’opération : ~50 000 €
  • Entreprise : Pennequin (Marsannay-la-Côte)
  • Financements : Agence de l’eau, Département, FNPF, Fédération, AAPPMA La Truite Bourguignonne

Ce que l’on voit déjà sur place
Les épis alternés jouent leur rôle de chef d’orchestre : ils canalisent la veine d’eau principale, réveillent des filets de courant secondaires et modèlent des remous doux au pied des blocs. Ajoutés les uns aux autres, ces aménagements recomposent un paysage hydraulique fait de contrastes et de refuges — une mosaïque précieuse lors des étiages estivaux comme des montées rapides d’eau.

Pourquoi des blocs, plutôt qu’un enrochement massif ?

Parce qu’un amas de blocs n’est ni un obstacle continu, ni un revêtement figé. C’est un outil discret qui guide la dynamique naturelle au lieu de la contraindre.

La Tille à Pluvet

Pourquoi des blocs, plutôt qu’un enrochement massif ?

Le courant s’accélère, puis se repose ; les sédiments se déposent ici, se remobilisent là. Avec le temps, l’ouvrage devient paysage : il se fond dans le lit, et la rivière reprend la main.

La Seine à Vix

Une rivière plus variée, c’est une rivière plus vivante — et une pêche plus durable.

La Fédération poursuivra ce type d’actions ciblées sur les tronçons jugés prioritaires par les diagnostics et retours de terrain.

Pose de blocs à la pelle longue

La Seine à Vix

Et après ? Les bénéfices attendus… et le suivi

Pour le milieu

  • Plus d’habitats, plus de vie. La diversité des vitesses et profondeurs augmente la capacité d’accueil de la rivière : caches pour les adultes, zones de repos pour les migrateurs de proximité, micro-habitats pour les juvéniles et substrats favorables aux invertébrés.
  • Rivière plus résiliente. En été, quand chaque centimètre d’eau compte, ces refuges limitent le stress thermique et offrent des zones à courant atténué ; en période plus dynamique, ils cassent la monotonie, favorisent la circulation des sédiments et oxygènent le milieu.

Pour la pêche de loisir

  • Un parcours plus lisible. Les pêcheurs retrouvent des postes marqués, où l’on comprend d’un coup d’œil comment l’eau travaille et où se placent les poissons.
  • Un parcours “No-kill” de qualité sur la Seine : la qualité de pêche progresse, la ressource se préserve — gagnant-gagnant.

Pour le territoire

  • Des travaux durables, réalisés au plus près du lit, sans artifices lourds ; des blocs calcaires locaux, intégrés au paysage.
  • Des effets mesurables : ces aménagements sont suivis (contrôles post-travaux, retours de terrain, retours des AAPPMA). Au besoin, des ajustements fins (recalage d’un amas, ajout de quelques blocs) permettent d’optimiser le résultat dans le temps.

“Travailler avec la rivière, pas contre elle”

Ce fil rouge guide l’action fédérale depuis des années : intervenir avec parcimonie, écouter le terrain, impliquer les AAPPMA qui connaissent chaque recoin de berge. Ici, des gestes précis qui réparent les fonctions naturelles et un partenariat constant avec les financeurs publics — Agence de l’eau, Département, FNPF — pour que chaque euro investi se traduise par des effets concrets, visibles et durables.

Remerciements & partenaires

Ces chantiers n’existent que par la coopération : AAPPMA La Truite Châtillonnaise, La Gaule Vixoise et La Truite Bourguignonne, Agences de l’eau, Département, FNPF, entreprises Boureau et Pennequin — et, bien sûr, l’engagement de votre Fédération en maîtrise d’ouvrage. Merci également aux bénévoles qui, sur le terrain, prennent soin de ces rivières au quotidien.

La Tille
La Tille
La Seine
La Seine